Notions-clés du thème

Lignes de force : les lignes de force désignent des lignes ou des zones qui apparaissent comme les causalités majeures de l’organisation spatiale, tout comme le résultat principal de dynamiques motrices. En géographie, elles peuvent ainsi s’entendre comme des facteurs de polarisation (notamment en matière de centralité) et de hiérarchisation des territoires, mais aussi comme la conséquence typologique des effets d’une polarisation vécue. Les lignes de force sont donc l’ensemble des éléments qui expliquent la force d’un territoire dans sa relation à d’autres (en matière de mise en concurrence) et les lignes qui résultent des forces d’une mise en concurrence des territoires (mondialisation). Le terme invite ainsi à une approche descriptive et analytique.

Recompositions : les recompositions désignent les transformations à l’œuvre sur une durée plus ou moins longue dans un espace donné. Elles peuvent être subies comme voulues, relever de l’aménagement du territoire ou d’une absence d’action d’acteurs publics ou privés. Le terme n'identifie pas un « avant » et un « après » figés, mais décrit des dynamiques à l’œuvre dans des territoires à différentes échelles, résultant de transitions en cours, touchés par des processus identifiables. Elles peuvent être rapides et visibles tout comme lentes et imperceptibles, touchant les acteurs et l’environnement, les paysages et l’habitat. Elles se mesurent par des indicateurs multiples dans une lecture diachronique (temporelle). Elles englobent les termes d’évolution, de mutation et de transformations.

Inégalités : le terme d’inégalité renvoie à ce qui n’est pas égal. Il part d’une approche descriptive et comparative entre plusieurs espaces ou groupes, interrogeant les causes et facteurs de ce qui apparaît comme un déséquilibre. L'inégalité inclut l’idée d’une hiérarchisation en fonction des critères et angles retenus (social, économique, de genre, etc.). Si ce concept n’est pas moral (contrairement à celui d’injustice), son acceptation s’inscrit pourtant dans un système de valeurs qui, depuis la Révolution française, fait de l’égalité un horizon humain à atteindre. Les inégalités sont par définition mesurables (phénomènes sociospatiaux, moteurs de dynamiques propres générant des flux, des acteurs et des recompositions spatiales). Les indicateurs sur lesquels elle s’appuie sont toujours incomplets puisque sélectionnés, ce qui appelle à la vigilance pour l'exploitation des conclusions par des observateurs ou encore par des acteurs publics menant des politiques d'aménagement du territoire. Ces indicateurs peuvent par exemple relever de la richesse (PIB/hab, revenus annuels, chômage, taux de pauvreté), de l'accès aux services (nombre de médecins pour 1 000 habitants, distance du plus proche hôpital), du capital culturel (indicateur de positionnement social (inégalités entre établissements scolaires), décrochage scolaire), etc.

Intégration : l’intégration décrit un processus d’incorporation partiel ou complet d’un territoire dans un système spatial à plus petite échelle. Le terme est particulièrement utilisé dans la géographie régionale pour analyser les processus de rapprochements et d’interdépendances : l’intégration à l’échelle continentale devient alors « européenne », « nord-américaine » ou « sud-est-asiatique ». Elle s’emploie aussi à l’échelle mondiale pour analyser la mise en réseau des territoires dans le cadre de la mondialisation. Par la reconfiguration des frontières et des règlementations, elle relève des acteurs publics ; par les dynamiques et les flux générés, elle dépend d’acteurs privés. L’intégration n’est pas synonyme de disparition d’un territoire, mais peut constituer un sujet de débats et de tensions sur ses effets systémiques à toutes les échelles : géopolitique, économique, sociale, identitaire. Elle est particulièrement visible sur les interfaces, où elle peut être source de régions transfrontalières.